Histoire :
Je suis née au mois de novembre, un vendredi 13. C'est drôle comme le destin peut-être ironique, je suis née le jour de la malchance pour les uns et le jour du grand bonheur pour les autres... Toujours est-il que j'ai été comme maudite dés cet instant.
Ma mère était morte en couche et mon père a commencé à sombrer dans la folie à partir de ce moment là je crois. Heureusement que ma grand-mère était là pour s'occuper de moi, il est clair que je n'aurais pas survécu à la lumière de ce qui m'est arrivé par la suite.
Mon enfance fut triste et terne, émaillée par les accès de fureur et de folie de mon père qui s'était mis à boire. Je ne me mis à parler qu'à deux ans avec difficulté, il me fallut encore un ans pour parler parfaitement. Grand-Mère égayait un peu mon existence, c'est elle qui m’apprit à dessiner, activité qui devint vite mon passe temps favoris, à son grand soulagement. Nous avions toutes deux appris à nous faire le mois remarquer possible.
Mon entrée à l'école fut un calvaire car je suis vite devenue la cible des moqueries à cause de mon étrange couleur de cheveux et de la pâleur de ma peau. L'institutrice convoquait sans cesse grand-mère à cause de mon incapacité à m’intégrer. Un jour à bout de nerf, elle m'a même hurlé dessus après m'avoir pris à part. Je me suis mise à pleurer (je n'avais que trois/quatre ans à l'époque) et lui ai répondu (en disant la vérité) que c'était la faute des autres ce qui l'avait fait hurler deux fois plus fort (je n'imaginais pourtant pas que c'était possible). Pourtant je ne mentais pas, on ne voulait pas m'approcher à cause de mon apparance sois disant bizarre, j'avais essayé puis abandonné, "mieux vaut être seule que mal accompagnée".
Je me suis donc de plus en plus refermée. Grand-Mère était de plus en plus faible, affaiblie par les coups de papa dont les crises devenaient de plus en plus fréquentes mais elle me promis qu'elle serait toujours là pour me protéger quoique il arrive... Et naïvement je l'ai cru.
Un soir, en rentrant de l'école, j'ai vu des ambulances, des pompiers et tout le reste devant chez moi. Petite et menue comme je l'étais, je n'eus pas de mal à me faufiler entre les gens autour sans que personne ne me remarque, et puis arriver je l'ai vue. Là par terre, dans une mare crée par son propre sang. Grand-Mère. La première pensée qui me traversa l'esprit fut "Non, non! C'est pas vrai ! C'est pas possible !" Je me suis mise à hurler des choses incohérentes. "Tu avais promis !" Elle devait toujours être avec moi... Je me suis mise à pleurer comme je ne l'avais jamais fait, j'étais pourtant habituée à cet instant mais là... Puis, j'ai arrêté et je me suis mise à la haïr de tout mon coeur, c'était pourtant le seul être qui m'avait procuré un peu d'affection mais elle n'avait pas tenu sa promesse donc elle ne méritait pas mes larmes. J'ai levé la tête vers mon père et je lui ai demandé ce qui c'était passé sans sourcilier avec un calme étrange pour une enfant de mon age. Il m'expliqua que mamie avait eu un malaise pendant qu'elle s'occupait des fleurs et qu'il n'avait pas pu la rattraper quand elle était tombée.
"Tu parles ! Il l'aurait poussée si elle n'était pas tombé toute seule !"Pensais-je.
Depuis ce jour j'ai regardé mon père avec un mélange de dégoût mais aussi de pitié. Je le méprise pour m'avoir expliqué aussi simplement qu'il aurait raconté une anecdote arrivée à son travail la mort de ma grand-mère. Je le méprisais.
Je le haïssais.
Et cette haine envers lui qui m'a permis de lui survivre.
C'est à cette époque que j'ai hérité d'un nouveau surnom à l'école : sorcière. Je n'en avais plus rien à faire, j'en jouais même pour faire le vide autour de moi et les institutrices finirent par renoncer à tenter de m’intégrer à leurs activités. Je restais dans mon coin à dessiner ou faire mes "devoirs".
Je me suis plongée dans les livres dés que j'ai su lire en entrant au CP. Ce fut une nouvelle activité que je faisais dans mon coin.
Il y a un souvenir que je garderais toujours dans ma mémoire, c'est ma visite à l'aquarium. Papa m'y avait autorisée et ce fut son dernier acte de tendresse envers moi. L'aquarium était grand, immense pour la petite fille que j'étais mais je m'y sentais bien. Il y avais des voix... Des voix douces qui chantaient... Les poissons multicolores semblaient danser au son de cette musique. Je me suis séparée du groupe et j'ai traversé le couloir jusqu'au bassin des dauphins et la je me suis assise. Et ils sont venus, ils m'ont parlée avec douceur. Très vites toue les dauphins de l'aquarium s'étaient présentés. Mizu, Kaisui, Néréide, Protée... Je me suis mise à jouer avec eux, je courais le long de la vitre et ils me suivaient, je posait ma main sur la vitre et ils venaient me voir. Mais toute chose a une fin, et ce fut mon institutrice qui m'arrêta. Elle me gronda en me demandant ce que je faisais si loin du groupe et je lui ai répondu que je jouais avec les dauphins. Elle me dit quelque chose dans le genre ne raconte pas de bêtises et m’entraîna vers le bus en me maudissant. J'ai pu me retourner dans son étreinte et j'ai dit au revoir à mes amis. La jeune femme se tourna vers moi en murmurant(maintenant je sais que j’émets de petits cri bizarre quand je parles avec eux même si j'ai l'impression de parler normalement.) "Mon Dieu, cette petite est folle..." J'ai rétorqué quelque chose et elle m'a giflée.
Plus cela allait plus , l’ambiance se dégradait à la maison. Je rentrais toujours aussi tard que possible, ce qui était inhabituel pour une fillette de cinq ans et faisais le moins de bruit possible. C'était grave, et je m'en rends compte maintenant, je ne parlais plus qu'en murmurant (ce qui m'avait fait gagner le surnom de sorcière, puis de mort-vivant) et je devais voler dans le frigo pour manger. Le sol était toujours jonché de bouteilles d'alcool vides et l'appartement empestait comme si quelque chose y était mort. Je me demande comment les voisins n'ont pas remarqué qu'il se passait un truc pas net juste à coté de chez eux? Cela n'a plus d'importance maintenant...
Un jour il y eu une grève à l'école, je venais de "fêter"(si l'on peu dire) mes six ans. Papa n'eut d'autre choix que de m’emmener à son travail. Il devait prendre un bateau car il travaillait sur une île en pleine mer. J'étais contente et je regardais par dessus le balustrade du bateau qui nous emmenait et remarquais des dauphins. Je les ai appelé et ils m'ont répondu. Papa me proposa alors de me hisser sur la barrière pour que je vois mieux. j'ai dit oui et il s'est exécuté. Je lui ai fait confiance pour la première foi de ma vie et ce fut mon erreur. Dés que j'eus baissé ma garde, il me fit passer par dessus bord, enfin, tenta puisque je me suis rattrapée à quelque chose. Ma père commença à jurer, a me crier que je n'étais qu'un démon, que j'avais volé la vie de ma mère et détruit la sienne et celle de grand-mère. Selon lui, je ne méritais qu'une chose, la mort. J'eus peur sur le moment, mais je réalisais vite que j'étais hors de portée. Je me suis donc mise à crier dans l'espoir que quelqu'un vienne. Je vis mon père partir, et j’espérais que l'arrivée de gens l'avait fait fuir. Je l’espérais et continuais de m'accrocher tant bien que mal. Puis j'entendis quelqu'un venir, je crus d'abord qu'on venait m'aider mais c'était mon père, avec de toutes autres intentions. Il leva un objet, une hache qui faisait partie de l'équipement contre les incendies et l’abattit sur une de mes mains. J'ai hurlé de douleur et de terreur, surtout quand je réalisais ce qu'il venait de faire, il m'avait coupé les doigts. Il ne tarda pas à faire pareil avec mon autre main. Je suis tombée à l'eau et je coulais tandis que je faisais des mouvements désordonnés ne sachant pas nager. L'eau de mer me brûlait ce qu'il restait de mes doigts puis je sentis quelque chose me ramener vers la surface. Après avoir toussé et craché toute l'eau que j'avais avalé, je réalisais que c'était un dauphin. Je les avais appelés et ils étaient venus...
Après je ne sais pas trop, ils m'ont déposé sur une plage plus morte que vive à cause de la quantité de sang que j'avais perdu et je me suis réveillée à l’hôpital. J'avais des bandages sur les mains. Une infirmière vint me porter mon repas et m'aida à manger en m'expliquant ce qui m'était arrivé. On avait manqué de m’amputer la mains mais j'eus de la "chance", on ne dut m’amputer que jusqu'à la dernière phalange de chaques doigts. Je voulus parler mais j'en fus incapable sur le moment à cause du traumatisme que j'avais subi.
A partir de ce jour je décrétais que le diable, si il existait avait le visage de ce fou qui me servait de père.
Quand je pus sortir, des policiers m’emmenèrent à la morgue pour me montrer un cadavre. Celui de mon père, il avait un trou dans la tête. J'appris plus tard qu'il avait menacé des gens pour me poursuivre et qu'on avait du l'abattre comme un chien. J'identifiais le cadavre avec un mélange de satisfaction d'être débarrassée de cet homme et de pitié.
On m’emmena dans un centre spécial où il n'y avait que des enfants dans mon cas, c'est à dire amputés. Je me fis quelques copains qui m’aidèrent mal grés leur propre handicap à surmonter le mien et je vécus bien jusqu'à mes dix ans.
J'étais quand même assez frustrée de voir que je ne pouvais quasiment rien faire toute seule, ouvrir une porte, m'habiller ou aller aux toilettes m'étaid impossible sans aide et j'en avais honte même si je le cachais. Je pouvais encore moins dessiner mais je restais malgré tout distante vis à vis des autres bien que j'ai fait quelques progrès. Le personnel ne m'ennuyait pas avec ça, ils estimaient tous que vu le traumatisme subi, c'était plutôt normal que je ne fasse pas confiance facilement. De plus toutes communications m'étaient quasi impossible vu que j'étais muette et dans l’incapacité d'apprendre le langage des signes à cause de mes doigts coupés.
Oui, le diable s'était vraiment incarné dans mon père pour qu'il m'inflige un telle torture... Car il y avait aussi la douleur physique que je sentais de temps à autre... La douleur du membre fantôme comme disent les médecins.
Un jour je vis entrer une dame très bien habillée qui parla à la directrice. Docteur entendis-je en écoutant à la porte. Elle cherchait des volontaires pour tester un greffe de membre synthétique. Je suis entrée dans le bureau et j'ai fait comprendre que je voulais être volontaire. La directrice essaya de me dissuader mais personne d'autre ne se présenta alors elle céda.
Quelques semaines plus tard, à l’hôpital, on m'enlevait les bandages que j'avais sur les mains. Cette fois ci, ce n'était pas pour découvrir d’horribles moignons comme lorsque j’avais six ans mais des doigts fins et ... bleus... La peau de mes doigts était bleue! J'ai poussé un cri de surprise. Le docteur s'est excusée, en disant qu'elle ne savait pas ce qui s'était passé... Moi je ne l'écoutais pas. Pour moi c'était plus que je n'avais espéré. J'essayais de bouger les doigts, et ils frémirent un peu puis j'eus des fourmis. Je me suis mise à rire. J'étais contente, j'allais pouvoir dessiner lire et me débrouiller toutes seule une fois la rééducation finie. J'ai prononcé mon premier mot depuis longtemps ce jour là et ce fut pour la femme qui s'excusait. "Merci". Tout le monde en fut surpris mais j'ai simplement souris. Je crois qu’alors ils ont compris que même si ce n'était pas parfait j'étais heureuse. J'avais retrouvé mes doigts, et qu'ils soient bleus ne me gênait pas du tout.
Je dus faire de la rééducation longtemps mais ce ne fut pas vain. Deux ans plus tard on me transféra dans un orphelinat normal car je maîtrisais mes nouveaux doigts parfaitement et avais recommencé à parler.
Je retournais à ma solitude, n'ayant pas beaucoup d'amis car on me considérait toujours comme une expérience. Certains me fuyaient et évitaient tout contact avec moi. Je fus souvent triste et beaucoups disaient qu'ils avaient froid à côté de moi. Je prenais cela pour un prétexte mais c'était vrai, je créais du froid. Et quand je m’énervais, je gelais tout ce que je touchais. Comme si le fait que mon tour en mer m'ai immunisé contre le froid ne suffisait pas.
Enfin, un couple vint voir les enfants pour adopter. Ils me remarquèrent dans mon coin et vinrent me parler. Ils étaient intrigués par mon apparence. Je leur ai répondu vertement que si ils voulaient un enfant comme les autres ce n'était pas à moi qu'il fallait s’adresser. La femme m'a répondu que la différence n'était pas une tare. Je fis mine de comprendre pour ne pas faire fuir un autre couple qui pourrait adopter un des enfant (je l'avais déjà fait et m'étais pris une sacrée rouste). Intérieurement, j'eus un petit rire ironique. Il continuèrent à parler avec moi et je faisais tout pour leur montrer que j'étais une enfant difficile, pas adoptable en bref. Ils se sont souris et sont allés voir la directrice. Quelques heures plus tard, sans trop savoir comment, je me retrouvais assise à l’arrière de leur voiture en me demandant pourquoi moi. On roulait depuis un bon moment quand on entra dans un drôle de lotissement en face de la mer. La mer, rien qu'en la regardant je me dis que ma vis ici ne serait pas si désagréable. Mon oncle (je ne lui dirais jamais papa, il ne s'en formalise pas car il sait que ce mot signifies trop de mauvais souvenirs pour moi.) me demanda si j'aimais les dauphins, je répondais (avec beaucoup plus d’enthousiasme que je ne l'aurais voulu) oui à sa question. Il m’emmena prés d'un bassin où j’entendis des sons familiers. Des dauphins vinrent dans sa direction et il m’expliqua qu'on était dans un parc aquatique et qu'il dressait des dauphins pour un spectacle et que si je voulais je pourrais l'aider pour avoir un peu d'argent de poche où assister ma mère au guichet.
Quatre années passèrent où je goûtais à la tranquillité d'une famille normal même si mes relations avec les élèves du collège et du lycée étaient très pénibles.
Un soir j'entendis une voix familière. Elle venait de la mer. Je suis sortie par mon balcon (ma chambre est au rez-de-chaussée) et me suis dirigée vers la plage. La j'ai revu grand-mère qui m'a souri en me disant qu'elle avait tenu sa promesse. J'ai oublié ma rancoeur et me suis jetée dans ses bras. Elle m'a dit qu’après sa mort elle était devenue ma gardienne et qu'il était temps pour elle de me remettre mes pouvoirs. Elle me donna un cristal blanc nacré dont la texture me rappelait celle d'un coquillage. Elle disparut en me disant qu'elle veillait sur moi même si je n'en avais pas conscience et pour la première fois depuis longtemps je fis confiance à quelqu'un.
Avant de rentrer dans ma chambre, je dirigeais mon regard vers un lueur très faible. Il me sembla voir une jeu femme au long cheveux blancs relévés en deux chignon en forme de cœur sur sa tête mais ceci flottaint aux vent. Ce qui attira mon attention fut ses grandes ailes blanches comme son costume. Elle semblait rayonnait au cœur de la nuit. Je mis mon cristal devant et il disparut mais il était toujours là, en moi. Comme grand-mère.
Le lendemain je n'avais aucun souvenir mais j'ais pris une résolution sans vraiment savoir pourquoi. Aujourd'hui, même si c'est difficile j'essaye de faire confiance aux autres car même si cela peut faire souffrir, ça permet aussi d'espérer.